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  • Alexandra Joutel

L’intérêt d’une psychanalyse centrée sur les rêves

Quelle est la différence entre une psychanalyse classique et une psychanalyse centrée sur les rêves ? Cette question m’est souvent posée. Je vais tâcher d’y répondre succinctement.


Je dirais que la première différence se situe au niveau du « blabla », pour reprendre une expression chère à Lacan. Dans une psychanalyse classique, vous êtes invité à vous installer confortablement dans un divan ou un fauteuil, généralement sans regarder le psychanalyste, et à dire tout ce qui vous vient à l’esprit pendant une certaine durée qu’est le temps de la séance. Parfois, le psychanalyste intervient, souligne un mot, une phrase ou pose une question et, à partir de cette interpellation, vous laisse reprendre le fil de vos associations ou interrompt la séance.


Cette longue chaîne d’associations libres, ce « blabla », peut durer indéfiniment. Il se poursuit généralement de séance en séance et peut même s’étendre sur des années, voire des décennies.


Au début, cela peut avoir son utilité. Celle, par exemple, de se soulager, de vider son sac, d’éclaircir les choses dans son esprit en les verbalisant, de lever la censure en disant haut et fort des pensées que l’on ne s’autorisait pas, etc. Cet aspect est loin d’être négligeable et a souvent des effets thérapeutiques puissants.


Seulement, au bout d’un certain temps, le « blabla » finit par tourner en rond sur lui-même. Il radote, dit et redit inlassablement les mêmes choses et, au final, ne produit plus rien de neuf. La psychanalyse s’enlise et s’éternise, toujours centrée sur le « blabla », et rien d’extérieur (ou d’intérieur) ne vient faire sens et remuscler les choses pour sortir de cette impasse.



Accéder à une autre dynamique


Le rêve, lui, a toujours quelque chose de neuf à dire et c’est tout son intérêt. A condition qu’il soit correctement interprété. Et pourquoi le rêve a-t-il cette capacité de nouveauté ? Tout simplement parce qu’il n’est pas dans le « blabla ».


Le « blabla », c’est un peu le discours du Moi conscient. A travers lui transparaissent parfois des éléments inconscients (dans une répétition, une image, un lapsus…), ce qu’un psychanalyste attentif soulignera, mais cela reste globalement du discours conscient et subjectif. Tandis que le rêve, c’est le point de vue intact de l’inconscient. Et, en psychanalyse jungienne, c’est le point de vue du Soi, cet Autre intérieur qui a un regard objectif et pertinent sur nous et notre vie et qui est là pour nous aider. Son « discours », si l’on peut utiliser ce terme, est très différent de celui du Moi conscient. Au contraire, il vient généralement dire à ce Moi ce qu’il ne sait pas ou ne veut pas savoir, ce qu’il a oublié ou ce dont il n’a pas encore conscience et qui, pourtant, pourrait être salvateur pour lui.


On voit tout de suite que la dynamique est très différente et que tout l’enjeu de l’analyse centrée sur les rêves n’est pas de « blablater » à l’infini, mais d’entrer en confrontation directe avec l’inconscient, d’entendre ce qu’il a à nous dire et d’établir un dialogue avec lui. Jung a appelé cette dynamique la « dialectique du Moi et de l’inconscient ». Et l’on peut être certain que si l’on écoute attentivement ses messages que sont les rêves, l’inconscient (le Soi) ne nous laissera jamais tourner en rond, mais nous fournira au contraire en permanence les informations essentielles dont nous avons besoin pour guérir, nous épanouir ou évoluer positivement dans la vie.


En ce sens, non seulement le rêve n’est pas le « blabla » du Moi, mais il vient carrément y couper court pour apporter un autre point de vue, beaucoup plus interpellant et utile à la personne, ce qui lui permettra par la même occasion d’accéder à un autre niveau de conscience. C’est donc une dynamique transcendante.


Établir une vraie relation avec le Soi


De ce centrage sur les rêves découle une autre grande différence par rapport à la psychanalyse classique : il s’agit de la question du transfert et du contre-transfert.


Quand on se centre et se concentre sur les rêves, la relation entre analysé et analyste s’efface en partie au profit de la relation qui s’établit entre le rêveur et son inconscient, et plus précisément entre le rêveur et le Soi, qui est le seul véritable guide et analyste dans l’affaire.


Mon rôle, en tant qu’analyste de rêves, est de favoriser cette seconde relation et non de favoriser le transfert. Ce que j’analyse avant tout, c’est le rêve, car ce qui compte, c’est le rêve et ce que dit le Soi à travers lui, dans son langage symbolique (à noter que les synchronicités sont à analyser de la même manière). Nous ne sommes donc plus dans une dyade fermée analysé-analyste, mais dans une relation à trois avec le Soi, dont je ne suis que l’interprète ou la traductrice afin d’aider le rêveur à comprendre ce qu’il lui dit.


En d’autres termes : une psychanalyse centrée sur les rêves est une psychanalyse où le Soi est au centre du travail et où les deux partenaires que sont le rêveur et l'analyste se penchent ensemble sur ce que celui-ci dit à travers le rêve. La question du transfert et du contre-transfert en est fortement minimisée et n'a, sur le fond, plus beaucoup d'intérêt. Et quand sa relation au Soi devient bien ancrée et qu'il comprend mieux son langage, le rêveur peut se passer de l'analyste et poursuivre seul sa route avec lui tout au long de sa vie.


Photo : Verrière du Palais de la musique catalane à Barcelone - 495756 / Pixabay

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