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  • Alexandra Joutel

Vous avez dit synchronicité ?

Dernière mise à jour : 26 déc. 2018

« Synchronicité » est le mot choisi par Jung pour qualifier ces étranges coïncidences qui font sens et ne reposent sur aucun lien de causalité…


J’ai fait un rêve, il y a longtemps, où apparaissaient, incrustés dans une roche ocre, quatre pierres d’émeraude, chacune en forme de losange et disposées de manière à former un cinquième losange. Un chemin passait devant ces pierres et je savais que c’était là où je devais aller. Mais le rêve se terminait sur cette interrogation : étais-je sur le bon chemin ? Je me suis réveillée très inquiète à l’idée de ne pas y être, car je sentais que ces quatre pierres vertes étaient salvatrices pour moi et que c’était ma voie.


Deux ou trois jours après, alors que je me promène seule le long du canal, je vois soudain à mes pieds quatre cailloux plats incrustés dans le sol, chacun en forme de losange irrégulier et disposés de manière à en former un cinquième. Tout en continuant à marcher, je souris intérieurement en me disant : « Tiens, c’est comme dans mon rêve… ». Puis je réalise soudain à quel point ce « hasard » est étrange, pour ne pas dire incroyable. Je reviens donc sur mes pas et prends les quatre pierres en photo avec mon téléphone portable. Le soir, j’en parle à mon compagnon et lui montre la photo. Il me fait aussitôt remarquer la présence d’un halo vert sur le cliché. Je regarde mieux et effectivement, un halo vert semble présent. Pour en être sûre, je sors la photo sur mon ordinateur et l’agrandis : pas de doute, un halo vert apparaît bien autour des pierres, alors qu’il n’y en avait pas dans la réalité (voir ma photo ci-dessous).



Je propose à mon ami de m’accompagner le lendemain sur ce chemin, à l’endroit où j’avais vu ces pierres. Nous y sommes allés… mais ne les avons jamais retrouvées !


Voilà ce que Jung appelle une synchronicité. Il n’y a aucun lien causal entre mon rêve et ces cailloux réels trouvés sur mon chemin. Et pourtant, on ne peut s’empêcher d’y voir un rapport de sens évident. Mon rêve s’achevait sur cette question existentielle pour moi : suis-je sur le bon chemin ? Et quelques jours après, je trouve ces pierres sur mon chemin. C’est comme si la réalité me répondait : oui, tu es bien sur le bon chemin, cesse de t’inquiéter ! Le plus étrange reste que je n’ai jamais retrouvé ces pierres, qui semblent n’avoir été là que pour moi. Si je ne les avais pas prises en photo (quelle bonne idée ai-je eue !), mon esprit rationnel en aurait conclu que j’avais rêvé éveillée et mon esprit inquiet que je déraillais complètement.


Des exemples de synchronicités, et de tout aussi saisissants, il en existe des tonnes. Cherchez dans votre mémoire ou demandez autour de vous et vous verrez. Mais, peu de gens en parlent de manière spontanée ou sérieuse, car nous vivons dans un monde tellement rationnel et dominé par le principe de causalité, qu’il ne faudrait pas passer pour crédule ou naïf en donnant du sens à ce qui n’est, selon les cartésiens, qu’un hasard parmi d’autres.


Un sacré hasard tout de même, si l’on songe à la probabilité infime pour que je tombe, quelques jours après mon rêve, sur des cailloux reproduisant la même forme que ceux de mon rêve, qui plus est sur un chemin et avec une photo qui crée d’elle-même un halo vert inexistant dans la réalité, mais renvoyant à la couleur émeraude des pierres de mon rêve… Avouons-le, la probabilité statistique pour que tout cela ait lieu en même temps est proche de l’improbable !


Le problème de la synchronicité est qu’il s’agit d’un phénomène qui n’est, par nature, pas prouvable scientifiquement. Chaque synchronicité est unique. Il est donc impossible de les reproduire en laboratoire et d’en tirer des statistiques. D’autre part, les synchronicités sont éminemment subjectives et ne font sens que pour l’observateur concerné. Quelqu’un d’autre aurait vu ces quatre cailloux sur le chemin n’y aurait accordé aucun intérêt : ils ne faisaient sens que pour moi, en raison de la similarité symbolique de ces cailloux et de ce chemin avec ceux de mon rêve. Une amie a rêvé un jour d’un éléphant, qui était dans son rêve un symbole spirituel. Le lendemain matin, elle a pris sa voiture et s'est retrouvée coincée dans un embouteillage, juste derrière un camion sur lequel était dessiné un éléphant avec écrit en-dessous : « Louez-moi ! ». Encore une fois, cela n’avait de sens que pour elle (on note au passage l’humour subtil de ces coïncidences signifiantes).

Dans La synchronicité, principe de relations acausales, Jung tente de définir la synchronicité comme étant la « coïncidence temporelle de deux ou plusieurs événements sans lien causal et chargés d’un sens identique ou analogue ». Il ajoute : « La synchronicité signifie d’abord la coïncidence temporelle d’un état psychique donné et d’un ou plusieurs événements extérieurs qui offrent un parallélisme de sens avec cet état subjectif du moment ».


Les phénomènes de synchronicité mêlent donc psychisme et matière. J’y reviendrai lors d’un prochain article.

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