- Alexandra Joutel
Le rêve : un accès privilégié à notre vie intérieure
Dernière mise à jour : 11 nov. 2019
En s’intéressant à ses rêves, chacun peut découvrir et prendre conscience de sa vie intérieure, aussi importante et agissante que sa vie extérieure.
La plupart d’entre nous privilégient uniquement leur vie extérieure au détriment de leur vie intérieure, cette dernière étant généralement considérée comme quantité négligeable, quand elle n’est pas purement et simplement niée.
« L’âme est beaucoup plus compliquée et inaccessible que le corps. Elle est, pourrait-on dire, cette moitié du monde qui n’existe que dans la mesure où l’on en prend conscience », constatait finement Jung dans son autobiographie, Ma Vie.
Si cette « âme », cette vie intérieure, est si souvent ignorée, c’est parce qu’elle n’est pas concrète, pas tangible et qu’elle se niche dans l’invisible. Un peu à la manière de Saint Thomas, nous croyons surtout ce que nous voyons, sentons, touchons. Du moins y accordons-nous spontanément plus d’intérêt, surtout si l’on est de nature extravertie. Pourtant, comme le souligne Jung, cela équivaut à se couper de l’autre moitié du monde et de l’autre moitié de nous-même. Car nous ne sommes pas constitués que d’une réalité extérieure, mais aussi d’une réalité intérieure. Et tant que nous n’en avons pas conscience, cette réalité intérieure va même avoir tendance à nous diriger à notre insu, à agir malgré nous, y compris dans nos actions extérieures. « Le Moi n’est pas seul maître en sa demeure », aimait à rappeler Jung.
Bien qu’invisible, ce monde intérieur se manifeste pourtant à nous dès qu’il en a l’occasion, notamment à travers les rêves. Alors, nous pouvons le voir ! Certes, pas avec nos yeux, qui sont fermés quand nous rêvons, mais avec notre cerveau, où les images, et parfois aussi les sons, les odeurs, les sensations de froid ou de chaud, les sensations de bien-être ou de douleur, s’impriment directement sans besoin de passer par un organe sensoriel. Magiiie !!! ;-)
Et qu’observons-nous alors ? Un monde intérieur qui s’avère très riche, foisonnant, fait de multiples lieux où vivent une multitude de gens et où il se passe quantité d’événements ! Nous y vivons des aventures incroyables, des voyages étonnants ou des courses poursuites épuisantes. Nous y faisons des rencontres étranges, à moins que ce ne soit nous qui ayons un comportement bizarre. Nous éprouvons des sentiments divers et, parfois, nous nous posons des questions ou affirmons haut et fort ce qui semble être une vérité ou une solution…
Tout ceci est l’expression d’un monde à part entière, qui existe bel et bien et qui est aussi réel que le monde extérieur, même si les lois qui le régissent ne sont pas les mêmes que celles du monde extérieur (loi de la physique, liens de causalité, etc). Pour autant, quand on s’y penche, on saisit vite que cette autre réalité a sa logique interne propre, exprimée dans un langage symbolique. Cette logique est celle de notre vie psycho-émotionnelle. Dès lors, il serait vraiment dommage de ne pas s’y intéresser, surtout si l’on considère que tout ceci nous parle de nous et de notre rapport à nous-même, à la vie, aux autres et au monde extérieur.
S’intéresser à ses rêves, c’est donc se mettre à l’écoute de cette vie intérieure profonde, qui nous régit plus que notre Moi conscient voudrait bien l’admettre. Il faut un peu de temps pour s’y habituer car, comme je viens de le dire, ce n’est pas la logique du monde physique rationnel qui y préside -d’où l’impression courante que les rêves sont absurdes-, et le langage des rêves est avant tout symbolique, or l’intellect de l’homme moderne a de moins en moins accès au symbole.
Mais, avec un peu de temps et de persévérance (et l’aide d’un analyste pour débuter), ce monde intérieur paraît de plus en plus compréhensible, de plus en plus familier et être à son écoute nous semble de plus en plus indispensable. Car il nous livre des clés, nous met en garde, nous donne des informations précieuses et bien souvent salvatrices sur nous-mêmes et, parfois même, des solutions à nos problèmes de vie extérieure. Comment vivre sans s'y intéresser ? Comment vivre coupé(e) de l’autre partie de nous-même ? Rappelons que le but premier des rêves est bien celui-ci : prendre conscience de toutes nos dimensions de vie et intégrer petit à petit notre totalité.

Image : Prawny / Pixabay